Les économistes féministes du monde entier ont souligné à plusieurs reprises l’incapacité à prendre en considération les conséquences sociales des politiques économiques. Dans la région du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord (MENA), les politiques capitalistes et néolibérales ont contribué à des taux de chômage élevés, à un manque d'opportunités d'emplois décents, à une augmentation des mesures d'austérité, à un manque de politiques de protection sociale adéquates et à la propagation du travail informel et précaire, les femmes et les filles étant les plus touchées par ces facteurs. Cela a créé d'importantes disparités sociales, qui ont déclenché les multiples vagues du Printemps Arabe.
Malgré les tentatives visant à accroître la participation des femmes au marché du travail, le taux d'emploi des femmes dans la région est toujours le plus bas au monde. Dans le système économique actuel, on se demande si la participation des femmes au marché du travail conduit à l'autonomisation réelle des femmes dans la région. Du manque de sécurité de l'emploi au double fardeau d'effectuer à la fois un travail rémunéré et un travail de soins non rémunéré, les effets positifs sur la vie des femmes de son participation au marché du travail sont discutables. Cette situation est exacerbée par les réformes néolibérales, les conditions d'endettement imposées par les institutions financières internationales, les modèles fiscaux injustes et l'absence d'une budgétisation adéquate sensible au genre au sein des institutions publiques.
Le modèle économique capitaliste patriarcal dominant a considérablement entravé les progrès vers la justice sociale, environnementale et de genre, et les solutions proposées pour contrer les injustices peuvent être décrites au mieux comme disparates. Voir la situation d’un point de vue féministe offre une opportunité vitale de développer des visions innovantes et des politiques macroéconomiques qui placent la justice sociale et environnementale au centre et tentent de faire pencher la balance vers moins d'exploitation, plus de ressources et moins d'obstacles pour tous dans l’avenir du travail.
En collaboration avec des acteurs féministes et d'autres acteurs progressistes de la région, la Fondation Friedrich-Ebert met ces préoccupations au premier plan en organisant des sessions de discussion et des séminaires, en offrant des opportunités de formation et en produisant une critique féministe des modèles économiques et des stratégies alternatives pour faire face aux défis les plus urgents dans la région.