Avenir du Travail

A l’échelle mondiale, les discussions sur l’avenir du travail ont abouti à la création d’une série de scénarios, allant d’optimistes à pessimistes. Certains scénarios prévoyaient plus de flexibilité, d’opportunités et de productivité, alors que d’autres ont soulevé des inquiétudes quant à l’augmentation prévue des inégalités, des pertes d’emplois et une énorme fracture numérique. Bien que le sujet soit traité à l'échelle mondiale et figure à l'ordre du jour de la Banque Mondiale et des banques multilatérales de développement, ainsi que des sommets mondiaux tels que le G7, le G20, le Labour 20 et le Forum Economique Mondial, il existe des points majeurs qui échappent aux discussions.

Ces discussions ont été motivées par la numérisation, l'automatisation et l'intelligence artificielle, et se sont concentrées sur la manière dont ces changements technologiques affecteront notre façon de travailler. Cependant, le changement technologique n'est qu'une des nombreuses mégatendances mondiales qui joueront un rôle vital dans les années à venir. Le changement climatique, les changements de pouvoir économique, les changements démographiques, la migration et le rétrécissement des espaces démocratiques sont tous susceptibles de contribuer à façonner notre avenir. De plus, non seulement les discussions ont été largement façonnées par les perspectives masculines, ignorant ainsi les principales préoccupations et critiques féministes, mais elles se sont également étroitement concentrées sur les pays de l'OCDE (Organisation de Coopération et de Développement Économiques), ignorant la majorité des pays du Sud et les défis et opportunités uniques auxquels chaque région devra faire face.

Les femmes de la région MENA, qui ont déjà du mal à accéder à des opportunités de travail décent, devraient connaître des pertes d'emplois dans des secteurs menacés par la numérisation et l'automatisation, tels que les secteurs bancaire et public, ainsi que ceux qui seront touchés par le changement climatique, comme l'agriculture, un secteur dans lequel les femmes représentent 60 % de la main-d'œuvre dans la région. Le nombre de femmes rejoignant la main-d'œuvre informelle - souvent pour pouvoir continuer à effectuer le travail de soins non rémunéré qui leur incombe - devrait également augmenter avec la propagation des emplois basés sur des plateformes, qui sont précaires et dépourvus de protection sociale. Étant donné que la participation des femmes à la main-d'œuvre formelle dans la région MENA est la plus faible au monde, la plupart des opportunités qui émergent dans le futur monde du travail devraient principalement profiter aux hommes.
La transition vers l'avenir du travail s'est accélérée avec l'apparition de la pandémie de Covid-19, rendant toutes ces préoccupations encore plus urgentes. Il est donc essentiel de prendre des mesures immédiates pour surmonter les défis socioéconomiques auxquels sont actuellement confrontées les femmes de la région et atténuer les risques anticipés qui affecteront leurs moyens de subsistance.

La FES travaille avec des organisations féministes et des militants pour explorer et développer des visions innovantes et des politiques macroéconomiques alternatives qui donnent la priorité à la justice sociale et de genre. Dans ce contexte, nous nous concentrons sur trois domaines principaux : la numérisation et l'automatisation, l'économie verte et la justice environnementale, et le travail de soins et la reproduction sociale.